« Au contraire de l’UE, qui a une régulation très stricte pour combattre le trafic illicite de biens culturels et le blanchiment d’argent, il n’y a pas eu de changement en Suisse, pas de règles spécifiques concernant les marchands d’art », analyse Andrea Raschèr, à l’origine de la loi sur le transfert des biens culturels (LTBC), entrée en vigueur en 2005.
« On me surnommait le Kultur Trotzkist ! », s’amuse l’ancien chef du service juridique droit et affaires internationales de l’Office fédéral de la culture. « Quand j’étais encore à l’Office, poursuit-il, il y a eu une demande au Parlement de soumettre le marché de l’art aux règles du blanchiment. Mais toutes les tentatives ont été déboutées par le Conseil fédéral. Vous savez, les blanchisseurs choisissent toujours l’endroit où c’est le plus facile. »
Andrea Raschèr se souvient avoir été surpris de la réaction négative du canton de Genève, consulté au moment des travaux sur la loi LTBC, au début des années 2000. « Que Bâle et Zürich soient contre, ça me paraissait logique. Mais Genève ? A l’époque, politiquement, le canton était socialiste. » A posteriori, la réponse paraît évidente. « Il y a un nombre important de collectionneurs et de marchants d’antiquités, poursuit le juriste. Et parmi eux, des personnes qui bénéficient de très grandes sphères d’influence. »